L’auteur affirme que les modèles « à l’échelle du cerveau » comportant plus de 100 000 milliards de paramètres, seront vraisemblablement viables d’ici à cinq ans. Même si nous n’en sommes pas à avancer qu’il soit possible de produire une conscience humaine dans un réseau connexionniste sensible à l’écologie, l’IA pourrait être l’un des facteurs premiers de la transition environnementale. En effet, malgré les quelques rares voix qui se sont exprimées dès la fin des années 1960 lors de l’accord de Paris – limitant la hausse du réchauffement à 1,5°C, on ne peut pas dire que l’approche politique ait montré une quelconque efficacité sur la durée. Dès lors qu’un ancien président se serait exclamé aux deux tiers de son mandat ; « L’écologie, ça commence à bien faire ! », il ne faut pas s’étonner que l’acceptation sociale des efforts nécessaires à la réduction de CO2 ne soit pas à la hauteur des enjeux. La plupart des pays européens ne sont en mesure de respecter leurs engagements et la France reste dans une logique de rattrapage. Nombre d’outils ont cependant été conçus, comme le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) adopté en mai 2023 par les institutions de l’Union européenne ou le Digital Product Passport (DPP) qui permettra de connaître l’ensemble des caractéristiques environnementale, sociales et de gouvernance (ESG) des produits importés ou produits au sein de l’espace européen.
La thèse portée par l’auteur est qu’au-delà des accusations portées à l’encontre du numérique, l’IA prédictive pourrait sensiblement améliorer notre capacité à faire évoluer nos usages et devenir un puissant facteur de décarbonation. Il souligne que les freins à la mise en œuvre de l’IA sont au final toujours ceux qui gouvernent la transformation des organisations : (i) les ressources (compétences, profils), (ii) la gouvernance (suppression des silos), (iii) l’héritage informatique (accès aux données).
Gilles Babinet est entrepreneur, coprésident du Conseil national du numérique et a été membre du Comité IA, dont le rapport vient d’être remis au président de la République. Il intervient à l’Institut national de service public et HEC.
Alain. BRUNET