L’étude d’UBS, publiée le 24 octobre 2024, compare les systèmes de retraite de 25 villes et pays. Elle constate que dans tous les systèmes, l’épargne privée est indispensable pour maintenir son niveau de vie lors du passage de la vie active à la retraite. Elle montre l’importance de la prévoyance à partir de l’âge de 50 ans. Elle constate les profondes inégalités entre les régimes de retraite ; à titre d’exemple, en raison de systèmes différents de répartition et de prévoyance, un retraité moyen de la ville d’Amsterdam dispose d’un revenu courant (pension et produits d’épargne) après impôts, lui permettant de maintenir son niveau de vie, tandis qu’un retraité de Tokyo subit un net appauvrissement s’il n’a pas suffisamment épargné. En moyenne dans les 25 pays sous revue, une femme de 50 ans devrait bénéficier du même niveau de vie si le taux net de remplacement de son dernier salaire est de 67% et si elle a maintenu un taux moyen d’épargne de 28% jusqu’à son départ en retraite. En Suisse, neuf fois sur dix, investir l’épargne dans un portefeuille diversifié d’obligations et d’actions permet d’obtenir de meilleurs résultats financiers que les liquidités.
La différence entre les pays s’explique par des écarts entre les taux et les durées de cotisation, les âges de départ à la retraite, les longévités des retraités (les japonais passent 50% plus de temps à la retraite que les hollandais), les accès à la propriété, l’existence de régimes de retraite complémentaires, les cultures d’épargne et de placement financier… Dans la plupart des pays, l’âge de départ à la retraite n’est pas un facteur déterminant de la viabilité du régime. L’étude souligne l’importance de l’épargne privée et de l’accès précoce à la propriété. Ce dernier facteur est de plus en plus déterminant en raison de l’inflation immobilière. L’étude d’UBS met aussi en lumière les inégalités entre hommes et femmes quel que soit les régimes. Les femmes (notamment seules) sont frappées par de faibles taux de remplacement (du salaire à la pension) en raison de l’irrégularité de leurs cotisations et de leur plus grande longévité.
L’étude observe également que les prestations de vieillesse n’ont pas valeur certaine ; elles dépendent des pyramides démographiques, des majorités politiques au pouvoir, des équilibres des caisses de retraite et des niveaux d’endettement des Etats nationaux – plus ou moins capables de renflouer les caisses – mais aussi des aversions aux risques des épargnants. L’étude montre qu’avec le départ à la retraite de la cohorte des baby-boomers, les déséquilibres non résolus dans certains pays sont appelés à se creuser dans les régimes financés par répartition déjà en difficulté. Pour maintenir l’équilibre de ces régimes sans réduire les pensions des retraités, les actifs sont alors tenus de payer la facture tout en épargnant pour préparer leurs propres retraites, et ainsi « conjurer l’incertitude attachée aux futures réformes des régimes ». La principale qualité d’un système réside dans sa stabilité et sa durabilité.
Les économistes d’UBS révèlent qu’Il existe des régimes de retraite résilients, comme en Suède, où les rentes de base sont dotées d’un filet de sécurité grâce à une indexation des rentes en fonction de l’équilibre financier du régime. Ils jugent enfin, pour toutes les raisons évoquées, que le régime français, même après sa réforme contestée de 2024, « rompt le pacte de générations », car il fait peser la charge de son rétablissement sur les actifs et l’incertitude de sa résilience sur les retraités.
Chronique rédigée par Jean Jacques PLUCHART