Cet ouvrage collectif est une synthèse des derniers travaux du CEPREMAP sur la démocratie, en réponse aux grands enjeux du XXIème siècle.
Le premier chapitre, écrit par Fanny HENRIET et Katheline SCHUBERT, est consacré à la transition énergétique vers un monde à zéro émission nette. Cette transition, nécessitant de nombreux investissements, sera longue, difficile et couteuse et il n’est pas évident d’en mesurer les impacts à terme sur la croissance. Deux visions du monde sont exposées face au réchauffement climatique : la certitude pessimiste que la solution ne peut venir que de la décroissance ou d’un effondrement des économies d’une part ; la foi optimiste dans un progrès technique salvateur d’autre part. Quoi qu’il en soit, lutter efficacement contre le changement climatique permet d’éviter des coûts d’adaptation trop élevés. Les autrices présentent un certain nombre de leviers ; certains étant plus efficaces, d’autres plus faciles à mettre en œuvre mais aucun ne peut être utilisé seul.
Jean-François LASLIER explore dans le 2ème chapitre les méthodes de vote innovantes, telles que le « vote par évaluation » par opposition au « vote uninominal » et leurs impacts dans les résultats des élections. Un passage est dédié à Nicolas de Condorcet, économiste sous Turgot, et figure incontournable de la théorie du vote. L’auteur présente les travaux réalisés à partir de plusieurs élections françaises et américaines et conclue sur une note positive. Les électeurs sont prêts à expérimenter et à s’exprimer dans ces nouveaux modes de vote ; ce qui en laisserait la démocratie intacte.
Thomas RENAULT propose ensuite une synthèse sur l’utilisation de Twitter dans un objectif de mesure du bien-être des français. Avant de devenir X suite au rachat par Elon Musk en novembre 2022, la plateforme Twitter était accessible aux chercheurs permettant de récolter des opinions, des pensées et métriques d’émotions. Dans l’étude présentée, la base de données est composée de plus de 23 millions de messages envoyés entre 2010 et 2022. Une fois l’échantillon construit et corrigé des biais (l’effet des robots entre autres), il s’avère qu’il est possible de construire des indicateurs pertinents et robustes permettant de mesurer le moral des français en complément des enquêtes réalisées de manière plus traditionnelle.
Dans un 4ème chapitre, Quentin LIPPMAN présente son étude sur l’effet de la loi « sur la parité » du 6 juin 2000 sur le nombre de femmes élues, leur place dans la sphère politique et dans le monde de l’entreprise. La loi a en effet augmenté le nombre de femmes dans les conseils d’administration mais elle n’a pas eu d’effet sur les positions les plus élevées au sein de l’entreprise. L’effet d’accélération n’est pas notable et ce pour deux raisons principales : le caractère chronophage des positions dans la hiérarchie semble incompatible avec leurs plus grandes responsabilités familiales. Les femmes sont aussi moins ambitieuses que les hommes et moins désireuses d’occuper ces positions de pouvoir.
Enfin, Philippe ASKENAZY et Thomas BREDA abordent la thématique de la démocratie au travail qui se traduit par les liens étroits avec la représentation du personnel et la négociation collective. Ils proposent aussi une réflexion sur les obstacles à la mise en œuvre d’une démocratie au travail, traduite par l’expression collective des intérêts des salariés et de leurs aspirations. Ils terminent par un appel à renforcer les capacités et les compétences des partenaires sociaux pour renouer avec le dialogue social.
Les auteurs sont membres du CEPREMAP (Centre pour la recherche économique et ses applications). Ce centre a pour mission d’assurer une interface entre le monde académique et la décision publique. Daniel COHEN en a été son directeur de 2005 à 2023. Depuis sa disparition, Claudia SENIK en a repris la direction.
Chronique réalisée par Sophie Friot
