Pierre Dagbo Godé présente un ambitieux programme de réforme des politiques des pays d’Afrique, basée sur les théories libérales de Friedrich Hayek (école autrichienne) et de Milton Friedman (école de Chicago). Il s’efforce d’adapter ces théories aux particularités structurelles et culturelles des pays africains. Au-delà des principes, il s’applique à présenter des cas concrets de pays en situation de réussite ou d’échec. Il constate que la plupart d’entre eux ont dû s’affranchir après la seconde guerre mondiale, avec plus ou moins de succès, de la colonisation par les États européens, qui ont mis en place pendant plus de deux siècles des « économies de rente » fondées sur l’exploitation des ressources naturelles, notamment au bénéfice d’élites locales.
L’auteur préconise d’appliquer le principe du « laisser faire – laisser passer » et de limier les rôles de l’État à la fois « arbitre et stratège », à l’exercice de la justice, au respect de la sécurité publique et à la lutte contre les inégalités sociales. Les institutions doivent être stables et les frontières doivent être suffisamment ouvertes pour favoriser les échanges entre africains et avec les pays tiers. Les importations ne doivent pas se substituer aux productions locales et les exportations doivent financer les infrastructures et assister les populations les plus défavorisées. Les États doivent également interdire les monopoles et favoriser la concurrence entre les entreprises locales et étrangères. Ils doivent encadrer l’économie informelle sans l’éradiquer car elle constitue le terreau des PME/PMI de demain. Ils doivent donc pratiquer un « protectionnisme intelligent ». Ils doivent éviter toute centralisation du pouvoir, planification autoritaire, bureaucratisation excessive, corruption endémique et intervention arbitraire sur les marchés. Pour accompagner le développement économique, les États doivent orienter, en lien avec les universités étrangères et les ONG, l’enseignement et la formation dans les métiers les plus créateurs d’emploi, comme l’informatique et l’Intelligence Artificielle. Pierre Dagbo Godé cite parmi les pays les mieux engagés le Rwanda, le Botswana, la Zambie, le Kenya et l’Ouganda.
L’auteur milite également en faveur d’unions pan- africaines, une meilleure intégration des marchés et plus de mobilité des travailleurs d’un pays à l’autre. Il analyse les avancées – qu’il juge encore insuffisantes – de la bancarisation africaine et de la Banque d’Aide au Développement (BAD). Il compare les actions de la ZLECAF (zone de libre-échange africaine), de la CDEA (communauté d’Afrique de l’ouest), de la SADC (communauté d’Afrique australe) et de la COMESA (communauté d’Afrique orientale). Ces associations ont favorisé les échanges en limitant les barrières tarifaires et non tarifaires.
L’ouvrage reflète la conviction de son auteur, selon laquelle l’Afrique, riche de sa jeunesse et de ses ressources naturelles, peut trouver dans les principes du libéralisme économique les clés de son avenir.
Pierre Dagbo Godé est un homme politique ivoirien et l’auteur de plusieurs ouvrages économiques et polItiques.
J-J. PLUCHART