L’auteure retrace le récit des politiques économiques engagées en France et en Europe depuis 1944. Elle se livre à une critique en règle des mesures prises par les gouvernants français en matière principalement financière et monétaire. Son livre se présente sous la forme originale d’une narration linéaire sans références théoriques mais illustrée de nombreuses citations qui en rendent la lecture plus vivante. L’auteure fait preuve d’une culture historique exceptionnelle, attestée par des références à de grands argentiers, banquiers, hommes politiques, économistes, mais aussi philosophes, romanciers et poètes. Elle fait revivre dans un style précis et métaphorique, les principaux événements qui ont marqué l’histoire contemporaine et… de nombreux lecteurs du livre.
Christina Peicuti montre notamment que depuis l’après-guerre, les plans de relance économique de la France et son ouverture à l’Europe et aux marchés mondiaux, ont été souvent contrariés par des événements intérieurs et extérieurs de diverses natures: les guerres coloniales, la « crise de mai 68 », les chocs pétroliers, la crise des subprimes, la pandémie, le mouvement des « gilets jaunes », la guerre en Ukraine… Quel que soit leurs orientations politiques, les gouvernements successifs ont ignoré les phases des cycles des marchés internationaux et privilégié en toutes circonstances, les dépenses de fonctionnement (le « quoi qu’il en coûte »), le « matraquage fiscal » (notamment des entreprises) et la dette publique, aux réformes structurelles et surtout, aux investissements dans la recherche, afin de lutter contre le chômage avec des résultats inégaux. Ce « dirigisme économique » et ce « keynésianisme inflationniste » ont entraîné un déclin de la France qui est de plus en plus difficilement réversible. Cette « culture de la dépense » a étouffé les relances de l’activité économique, ralenti l’intégration européenne de la France et contribué à sa désindustrialisation.
Cristina Peicuti (professeure à l’ESCP) est économiste dans un groupe bancaire coopératif. Sa thèse de doctorat (Université Paris 2) a porté sur la crise financière de 2008 et le canal crédit. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages et articles scientifiques, dont L’économie européenne en 100 citations, PUF, également publié en 2024.
Chronique rédigée par J-J. PLUCHART