Le livre de Pascal Blanqué (publié à la fois en français et en anglais) est introduit par une étude de cas retraçant sa perception de la crise pandémique au fil des dix premières semaines. Il analyse successivement l’évolution du référentiel du temps psychologique des observateurs de la crise, les recompositions de leurs schèmes de mémoire, les épisodes de leur mise en oubli et de leur retour de mémoire, la superposition du temps physique et du temps psychologique, l’incertitude attachée au temps psychologique et les cycles réel, financier et viral sous-jacents à la crise.
Cette étude de cas originale lui permet de construire un nouveau modèle théorique qui remet partiellement en question certains fondamentaux de la finance de marché, basés sur la mesure du risque spécifique attaché aux actions de chaque entreprise. Se référant notamment aux travaux de Tversky, il propose d’y adjoindre la mesure d’une « prise de risque globale » intégrant les dimensions du temps, de la mémoire et de l’oubli, mais aussi – et c’est une des originalités de son modèle – des « narratifs » (ou des discours) sur les représentations des crises, qui évoluent d’autant plus rapidement qu’ils sont influencés par le big data et l’Intelligence Artificielle (notamment le deep learning). Il traite le marché comme un Sujet collectif, dont les acteurs sont soumis à des biais perceptuels, émotionnels et cognitifs. Cette approche permet de mieux expliquer certaines fluctuations de cours considérées comme irrationnelles. Il se livre à une lecture psychologique des faits et phénomènes monétaires, et plus particulièrement, à une réinterprétation de la théorie quantitative de la monnaie. A l’instar de Lacan, il modélise ses observations à l’aide d’équations et de représentations graphiques particulièrement éclairantes.
Pascal Blanqué s’efforce ainsi d‘intégrer plusieurs disciplines scientifiques : la finance quantitative de marché, la finance comportementale et les sciences du langage (qui font notamment appel à la psychanalyse). Son vingtième ouvrage s’inscrit donc bien dans son grand projet de refondation de la finance moderne.