Management Prospective Edition, décembre 2023, 152 pages.
Les écoles françaises de management s’interrogent sur leur raison d’être à l’heure où déclinent les effectifs des classes préparatoires, où se multiplient les établissements privés d’enseignement de la gestion et où se diversifient leurs diplômes, leurs accréditations et leurs labels. Les critiques à l’encontre des écoles de commerce, devenues des écoles de management au tournant du siècle, ne sont pas nouvelles. Dès les années 1990, Vincent de Gaulejac puis Henri Mintzberg les avaient critiquées pour leurs approches essentiellement quantitatives de la gestion et pour leurs méthodes pédagogiques désincarnées. Bien que depuis 15 ans (et les rapports Carnégie), les écoles se soient efforcées « d’humaniser les sciences du management », elles sont encore taxées d’instrumentalisation des pratiques managériales. Il semble que leurs principaux facteurs d’attraction résident toujours dans les taux d’admission à l’entrée et d’emploi à la sortie. C’est pourquoi l’ouvrage collectif coordonné par Olivier Bachelard et Guillaume Flamand, vient opportunément répondre à des questionnements sur la valeur ajoutée des écoles de management, partagés par leurs enseignants, étudiants, candidats et partenaires. L’ouvrage collectif est organisé en deux parties.
La première porte sur les fondamentaux des « humanités managériales » et sur la raison d’être de l’écosystème de plus en plus complexe des écoles de management. Après des rappels historiques et des comparaisons géographiques, les auteurs constatent une hétérogénéité croissante des statuts (de plus en plus privés), des profils (de plus en plus internationaux) et des accréditations (de plus en plus marquées par « la course aux trois couronnes »). Toutes les écoles s’efforcent de mettre en place une « organisation apprenante » et « coopérative » impliquant des patriciens de toutes disciplines et des enseignants des universités étrangères. La seconde partie présente les logiques des programmes et les méthodes pédagogiques favorables à cette humanisation. Les enseignements consacrés notamment à l’éthique des affaires, à la responsabilité sociale des entreprises, à la gestion internationale des ressources humaines, à la gestion des capacités et des compétences créatives et entrepreneuriales, à la « phygitalisation » du travail par l’IA, à la communication interactive (notamment avec les partenaires sociaux) … sont actuellement renforcés. Les études de cas, les retours d’expérience, les projets collectifs, les business games… sont de plus en plus privilégiés. Un équilibre de plus en plus difficile est recherché entre formations en présentiel et en distanciel. Les formateurs – devenus des business partners – enrichissent leurs enseignements économiques et gestionnaires, par des théories et des pratiques relevant de la philosophie, l’anthropologie, de la sociologie et de la psychologie.
Chronique rédigée par J-J. Pluchart
Olivier Bachelard est professeur à l’EM Lyon et Guillaume Flamand est professeur à l’ISC Paris. Frank Bournois a été président de l’ESCP Business School pendant 10 ans et est directeur général du Chinese Europe Institute Business School.