Le lecteur ne trouvera pas dans cet opuscule « les moyens de gagner plus en travaillant moins », mais il saura peut-être comment reconstruire une société fondée sur le travail permettant à la fois de mieux vivre et d’acquérir un patrimoine. L’auteur constate que la productivité relative du travail a diminué depuis les années 1980, à cause de la désindustrialisation du pays et de l’affaiblissement des compétences en raison d’un déclassement éducatif. Il rappelle que la France a été rétrogradée de la 6e à la 13e place dans le classement mondial du PIB par tête. Il observe que le pouvoir d’achat des français ne progesse plus et que les deux tiers de leur patrimoine proviennent d’héritages. Les Français qui ne travaillent pas vivent ainsi mieux que ceux qui travaillent. Le travail ne permet de soutenir le pouvoir d’achat que par des aides sociales sous toutes formes. La progressivité des taxes et des cotisations finançant ces aides, dissuade par ailleurs les salariés d’effectuer des heures suplémentaires et les employeurs de recruter et/ou d’augmenter les salaires de leurs employés. Les travailleurs ne conservent en moyenne que la moitié de leurs gains bruts, tandis que les rentiers en perçoivent les deux tiers, les retraités les cinq sixièmes et les héritiers les neuf dixièmes. Il en résulte différentes formes de résistance au travail, qui mobilisent plus de manifestants que les autres conflits sociaux, encouragent les congés- maladie, les « démissions silencieuses » et/ou les rejets des « bullshit jobs ». Les actifs doivent par ailleurs prendre en charge en 2025 deux fois plus de retraités qu’en 1980. Selon l’auteur, ce phénomène serait dû à une répartition inégalitaire de la valeur créée par le travail, qui favorise le capital à la fois financier et immobilier.
Les Français ne croient plus au « discours collectif » traditionnel leur intimant de se remettre au travail. L’auteur s’efforce donc de proposer un nouveau « contrat social » destiné à combler l’écart entre les niveaux de vie des travailleurs, des rentiers, des retraités et des héritiers. Il propose des mesures visant à revaloriser le travail et le pouvoir d’achat des actifs par de meilleures rétributions, grace à des formations plus professionnalisantes, une relance de l’innovation (notamment grâce à l’IA), une réindustrialisation du pays associée à une limitation des importations de produits sous dumping, à une flexibilisation de l’emploi et une plus grande mobilité professionnelle. Il prône une « revanche des salariés sur les clients », en redistribuant les taux de TVA en faveur des produits de première nécéssité. Il conseille de construire un « nouvel idéal du travail », basé sur des valeurs de resposnsabilité, de respect et d’empathie.
L’auteur se livre à un exercice rigoureux et pédagogique d’analyse du mal français qu’est l’attrition professionnelle et formule des propositions cohérentes afin d’y faire face.
Antoine Foucher a été directeur du cabinet d’un ministre du travail. Il dirige actuellement le cabinet de conseil Quintet.Jean-Jacques PLUCHART