L’ouvrage collectif dirigé par J-C. Trichet, Président due l’Académie des Sciences Morales et Politiques en 2023 et actuel Président du jury du Prix Turgot, présente un prestige inégalable parmi les 5000 ouvrages chroniqués par les membres du club Turgot depuis 1987. Cet ouvrage réunit en effet un aréopage prestigieux composé d’anciens premiers ministres et ministres, de commissaires et de hauts fonctionnaires européens, de dirigeants d’institutions internationales et d’ambassadeurs, de banquiers centraux, internationaux et nationaux…, qui ont exercé les plus hautes fonctions au cours du dernier demi-siècle.
L’ouvrage couvre la gouvernance dans toutes ses dimensions, internationale et nationale, publique et privée, passée (les grands modèles), présente (les dispositifs improbables) et future (les attentes). Le livre présente aussi l’originalité d’être rédigé dans des styles différents relevant du cours magistral, du discours politique, du mémoire juridique, du recueil de souvenirs… Mais il n’en conserve pas moins sa cohérence et son pouvoir d’attraction, qui sont des qualités de moins en moins perçues dans la littérature politique et économique post-moderne.
L’ouvrage est organisé en cinq chapitres. Le premier traite de la gouvernance privée pratiquée par les grandes entreprises internationales, industrielles et bancaires, avec les témoignages et les recommandations de P. Barbizet, puis d’A. Minc, d’H. Davies et d’E. Roman. Le 2e chapitre porte sur la gouvernance des grandes institutions internationales avec les interventions d’O. Renaud- Basso sur la gouvernance de la BIRD, puis de P. Lamy sur l’OMC, de J. de Lamassoure sur les effets des politiques monétaires et de C. Lagarde sur la gouvernance supra- nationale. Le chapitre 3 traite de la « gouvernance verte » avec E. Faber qui explique les fondements de la stratégie de l’ISSB (International Sustainability Standards Board) , puis M. Mac Carney qui réfléchit sur la bonne gouvernance environnementale mondiale, tandis que L. Fabius tire des leçons de la COP22 de 2016. Le chapitre 4 est consacré au « bon gouvernement et à la bonne administration publique ». E. Balladur y analyse les réformes successives apportées à la Constitution de la Ve République, tandis que L. Fabius analyse les différentes formes de gouvernance pratiquées aux niveaux international et national. J-C. Junker retrace l’évolution des institutions européennes ; M. Pébereau souligne l’urgence d’un rétablissement des finances françaises ; F. Villeroy de Galhau présente la gouvernance de la Banque de France et M de Boisdeffre réfléchit sur le rôle des usagers dans les démocraties occidentales. Le chapitre 5 compare enfin les différentes visions mondiales de la gouvernance avec une réflexion de J-D. Levitte sur les progrès de la diplomatie mondiale depuis les années 1990 ; T. de Montbrial s’interroge sur l’avenir du système économique mondial. Le regretté J. Baechter s’efforce en conclusion de distinguer la « bonne gouvernance », efficace et/ou rentable » et la « gouvernance bonne », morale et équitable, dont la conjugaison s’avère de plus en plus difficile.
Chronique de J-J. Pluchart