Jacques Attali présente des solutions en faveur du meilleur des mondes. Au-delà des idées, toujours intéressantes, l’originalité de cet ouvrage est qu’il décrit le monde « d’après monde ». Il se distingue en cela de Keynes qui considérait « qu’à long terme, nous serons tous morts ». Son état des lieux, peut être excessif, est difficilement critiquable au fond. « Quand les incapables qui gouvernent les Etats et gèrent les marchés, ne pourront plus masquer les enjeux importants derrière les fausses urgences, quand on aura trop emprunté aux générations suivantes pour financer le superflu…, alors des révolutions auront lieu ». Pourtant le monde a les moyens de s’en sortir à condition d’avoir le courage d’affronter tous les enjeux et de se décider à ne pas reporter sur les générations futures le paiement des turpitudes du présent… que ces générations refuseront de payer !
L’ouvrage donne quelques pistes intéressantes mais certaines sont plus philosophiques qu’économiques : prendre conscience de l’inévitabilité de sa propre mort, se respecter et se prendre soi-même au sérieux, trouver ses propres invariants, se faire une opinion, sans cesse remise en cause, sur ce que vont faire les autres, et sur ce que peut devenir le monde, prendre conscience que son bonheur dépend de celui des autres, se préparer à vivre plusieurs vies, simultanément et successivement, se préparer à résister aux crises et aux menaces, ne rien considérer comme impossible, mettre en œuvre avec humilité et écoute en soi et pour soi un projet prenant sens pour soi… Le propos de l’auteur prend de la hauteur par rapport à ses livres précédents, il s’agit de messages quasiment d’ordre ontologique. Si l’on osait, on rappellerait des thèmes philosophiques anciens : connais-toi toi-même, il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre ni de ni de réussir pour persévérer, gardez-vous des idoles (le veau d’or), chacun est partie du monde (le Tao), aimez- vous les uns les autres (Ancien et Nouveau Testament). « Vaste sujet » aurait dit le Général, mais le grand mérite du livre de Jacques Attali est de donner des pistes d’actions personnelles dans un monde qui n ‘est plus celui de l’Antiquité !
(chronique de D.Chesneau)