La période de l’après-guerre restera atypique du point de vue des crises financières puisque jusqu’aux années 1970, aucune crise majeure n’est apparue dans les pays développés.Certains y voient la justification d’une vision interventionniste qui s’appellera le keynésianisme, avec des circuits de financements privilégiés, une administration des taux d’intérêts et une réglementation étroite des institutions et des marchés financiers.
Aussi faire le lien entre cette situation heureuse et la réglementation étroite des systèmes financiers qui avait cours , est tentant. D’ailleurs «comme on aurait pu s’y attendre» , la libéralisation a fait se succéder des crises financières de plus en plus profondes et répétitives jusqu’à la crise systémique de 2007-2008. Si les dangers «d’une libéralisation débridée » étaient connus des pouvoirs publics et des Banques Centrales , le besoin de sortir les systèmes financiers des carcans de l’après- guerre était devenu prioritaire ne serait -ce que par la nécessité de reconstruire des économies détruites par les conflits.
En France, l’une des motivations essentielles de la libéralisation financière tenait à réduire le coût de la dette publique, dont la progression risquait de devenir insupportable. Globalement, ce pari a été largement réussi même s’il doit beaucoup ces dernières années à la faiblesse structurelle des taux d’intérêt. Un autre des objectifs de cette réforme visait à un rééquilibrage favorable aux marchés en améliorant le financement des entreprises trop dépendantes de l’ intermédiation de bilan.( cf. le rapport Lagayette). Si ces réformes marquent le retour d’une certaine idée de la pensée libérale, elles restent majoritairement accompagnées de gains d’efficience pour l’économie malgré les coûts associés des crises financières.
Une trop grande foi dans l’autorégulation et la complexité inhérente à la conception des règles encadrant les opérations et les comportement financiers ont entaché cette expérience de libéralisation financière.« voire une certaine désinvolture au regard des risques qu’ elle comportait et qui auraient être prévenus ».
Ce remarquable ouvrage collectif introduit par les réflexions des professeurs de Boissieu et Pollin, propose d’étudier en cinq chapitres émanant de professionnels et d’experts éminents, la diversité des motivations, la transformation des acteurs, les évolutions du comportement financier des agents non financiers, le retour des crises et de nouvelles régulations, quelles limites à la liberté des mouvements de capitaux, l’histoire des espérances et des déconvenues qui ont accompagné ce processus, ses motivations, sa mise en œuvre et les leçons qui peuvent en être tirées.
Chronique rédigée par J-L. CHAMBON