Christian de BOISSIEU et  Jean-Paul POLLIN (dir),40 ans de libéralisation financière, Revue  d’Economie  Financière  n° 137,-1ertrim 2020,- 372 pages

 La période de l’après-guerre restera atypique du point de vue des  crises  financières puisque jusqu’aux années 1970, aucune crise majeure n’est apparue dans les  pays développés.Certains y voient la justification d’une vision interventionniste qui s’appellera le keynésianisme, avec des circuits de financements privilégiés, une administration des  taux  d’intérêts et une  réglementation étroite des institutions et  des marchés  financiers.

Aussi faire le lien entre cette situation heureuse et la réglementation étroite  des systèmes financiers qui avait cours , est tentant. D’ailleurs  «comme on aurait pu s’y attendre» , la libéralisation a fait se succéder des crises financières de plus  en plus profondes et répétitives jusqu’à la  crise systémique de 2007-2008. Si les dangers «d’une libéralisation débridée »  étaient connus des pouvoirs publics et des Banques Centrales , le besoin de sortir les systèmes financiers des carcans de l’après- guerre était devenu prioritaire ne serait -ce que par la nécessité de reconstruire des économies détruites par les conflits.

 En  France,  l’une des  motivations essentielles de la libéralisation financière  tenait à  réduire le coût de la dette publique, dont la progression risquait de  devenir insupportable. Globalement, ce pari a été largement réussi même s’il  doit beaucoup ces dernières années à la faiblesse structurelle des  taux d’intérêt. Un autre des objectifs de cette réforme visait à un rééquilibrage favorable aux marchés en améliorant le financement des entreprises trop  dépendantes  de l’ intermédiation de bilan.( cf. le  rapport Lagayette). Si ces réformes marquent  le  retour  d’une  certaine idée  de la pensée libérale, elles restent majoritairement accompagnées de  gains  d’efficience pour l’économie malgré les coûts associés des  crises  financières.

Une trop grande foi  dans l’autorégulation et la complexité inhérente à la conception des règles encadrant les opérations et les  comportement  financiers ont entaché cette expérience  de libéralisation  financière.« voire une  certaine  désinvolture au  regard  des  risques  qu’ elle comportait  et qui auraient être prévenus ».

 Ce  remarquable ouvrage collectif  introduit  par les réflexions  des professeurs  de  Boissieu et  Pollin, propose d’étudier en cinq chapitres  émanant de professionnels et  d’experts éminents, la diversité des motivations, la transformation des  acteurs,  les évolutions du comportement financier des agents non financiers, le retour  des  crises  et de nouvelles régulations, quelles limites à la liberté des mouvements  de capitaux, l’histoire des espérances et des déconvenues qui ont accompagné ce processus, ses motivations, sa mise en œuvre et les leçons qui peuvent  en  être  tirées. 

Chronique rédigée par J-L. CHAMBON  

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